Retour sur notre Café du Monde avec Pascal Paradis (Avocats sans frontières Canada) – Par Judith Gendron

« Quand tu regardes les bidonvilles par la fenêtre depuis le 20e étage d’un hôtel et que tu prépares une transaction, c’est choquant »

Il savait depuis l’âge de 4 ans qu’il voulait devenir avocat, sans pour autant nécessairement savoir en quoi cela consistait. Pascal Paradis a commencé par mener une carrière dans le droit des affaires. Pourtant, ce diplômé de la London School of Economics a un jour décidé de se dédier à la défense des plus vulnérables. 

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« Un éternel optimiste sur l’avenir de l’humanité. »

Une histoire à la fois curieuse et riche d’expérience nous a été livrée en cette matinée du 2 novembre, où les membres de Connexion Internationale se sont retrouvés autour d’un café. Pascal Paradis, membre fondateur d’Avocat sans frontières, nous a raconté avec enthousiasme son travail, dont la réalité est aussi parfois très sensible. 

Avocat sans frontières se dédie à la défense des plus vulnérables, les perdants du système et de l’économie. Souvent, cette organisation travaille avec des victimes de déplacements forcés, de torture, des victimes de violences sexuelles ou de crimes contre l’humanité. Là où il y a des investissements étrangers, il y a souvent corrélation avec des violations de droits humains, nous rappelle-t-il.

Malgré la nature parfois sordide des luttes de pouvoir en politique, Pascal Paradis pétille et se décrit avec humour comme étant un éternel optimiste. Il argumente en mentionnant le cas de l’Amérique latine qui, il y a 35 ans, était le continent perdu où régnait un haut niveau d’atrocité. Aujourd’hui ce continent a beaucoup changé.

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« Le droit pour amener le changement »

La démarche d’Avocat sans frontière s’inscrit dans une démarche de partenariat avec des organisations locales. Souvent, les conseillers d’Avocat sans frontières vont faire de la formation, et par exemple former des partenaires au niveau de la méthodologie, de la préparation de dossiers ou de témoins. Le Québec, fort de son bon système de formation selon P. Paradis, a beaucoup d’atouts pour transmettre son savoir à l’étranger. Nous devrions être les champions de la coopération internationale, nous raconte-t-il, alors que la réalité demeure bien différente. 

La démarche d’Avocat sans frontière s’inscrit aussi dans le long terme. « Quand tu construis un puits, il faut former la personne qui le construit, et former la communauté pour apprendre l’utiliser. » Ces types de projets prennent souvent du temps : il est question de projets qui s’étalent sur 5, 7 ans, alors que les bailleurs de fonds offrent parfois du financement à plus court terme.

Les défis? Poursuivre des dictateurs et s’assurer du financement. 

Nous apprenons par exemple qu’un ancien dictateur au Guatemala a été condamné pour génocide. Ou qu’un ancien chef du renseignement en Colombie a été poursuivi pour avoir transmis des listes de syndicalistes à assassiner. Travailler sur ce type de dossier demeure  sensible, laissant entrevoir parfois des jeux diplomatiques et des pressions politiques. 

Aussi, la dernière fusion de l’Agence canadienne de développement international avec le Ministère des Affaires étrangères a eu un impact majeur sur les activités d’ASF, qui avait alors perdu 85% de son financement alors que ASF était en procès en Amérique latine. Grâce à des partenariats privés, ASF a pu s’adapter et continuer sa mission. 

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Sur le cas de la Colombie et du processus de paix. 

Le non au referendum était prévisible, selon P. Paradis. Un haut taux d’absentéisme, les personnes pouvant voter étaient inscrites pour les dernières élections présidentielles. L’accord de paix a été signé un lundi, et le dimanche. Bien que de nombreuses questions liées à la justice transitionnelle semblent demeurer en suspens, ASF est optimiste. Santos est impopulaire, mais a reçu le prix Nobel de la paix. Il s’agirait, également, du 5e processus en seulement 20 ans. 

Son conseil, pour les jeunes professionnels en début de carrière

Selon Pascal Paradis nous dit à nous tous, qui rêvons de vivre l’international : « Cela prend une passion au niveau local », pour en suite l’exporter à l’étranger. L’accessibilité à la justice demeure difficile à Montréal, et s’illustrer en s’impliquant au niveau local peut-être une belle manière d’amorcer une carrière intéressante. 

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Article et photos par Judith Gendron.

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