Élections présidentielles américaines: Retour sur le débat vinicole du 29 septembre – Par Jonathan Lundy

Mercredi, le 28 septembre dernier, nous avions eu le plaisir d’accueillir M. Frédérick Gagnon, Titulaire de la Chaire Raoul-Dandurand, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis et professeur au département de science politique de l’Université du Québec à Montréal.

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Frédérick Gagnon

C’est avec une grande candeur et une énergie contagieuse que M. Gagnon nous a parlé de politique américaine, et tout particulièrement, de ce qui se déroule durant la campagne électorale à la présidentielle de 2016. M. Gagnon exposait à son auditoire que la prochaine élection présidentielle américaine arborait une importance historique et que le choix qu’auront à faire les citoyens Américains façonnera littéralement l’avenir du pays et même du monde. Avouant lui-même n’avoir pas pu prévoir le succès de Donald Trump aux primaires républicaines, et ce malgré l’utilisation de théories électorales prouvées dans le milieu académique, M. Gagnon a détaillé avec minutie les forces de ce candidat et le contexte dans lequel le discours de Donald Trump a su trouver une niche et ainsi prospérer.

Débat vinicole
Photo par Vanessa Poulin-Gladu

Selon M. Gagnon,  après des années d’impasses fréquentes au sein du congrès américain, la population du pays  exprime son état de mécontentement avec le statu quo. Les américains ont besoin de changements, et pour certains, peu importe les conséquences. De plus, la frustration est plus palpable/acerbe dans une certaine catégorie de la population, catégorie qui se voit de moins en moins représentée dans les politiques du pays : majoritairement des blancs, âgés de plus de 40 ans, jouissant de revenus modestes, s’identifiant comme des pratiquants évangélistes et non-diplômés universitaire. En effet, l’environnement social change et change à une vitesse qui fait percevoir à cette tranche de la population que leurs valeurs, principes et références sociales disparaissent peu à peu. Le discours de Donald Trump, peu filtré voire politiquement incorrect, résonne avec cette partie de la population. Ce dernier promet de restaurer le pays à sa prestance d’antan, d’être plus ferme dans les négociations commerciales, de ne pas hésiter à mandater des interventions militaires dans des situations conflictuelles dans le monde et de contrôler l’immigration au pays. M. Gagnon cite également le contexte spécifique des primaires républicaines comme facteur qui a favorisé la montée M. Trump. Le grand nombre de candidats qui se sont présentés aux primaires républicaines (17 ou 18 candidats, selon les sources[1][2]) a divisé le vote des membres du parti républicain, de sorte que M. Trump a réussi à se démarquer avec une proportion des votes dépassant rarement les 50% lors des primaires menées dans chaque État du pays.

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Photo via Gage Skidmore (Flickr)

Pour M. Gagnon,  le résultat de la présidentielle déterminera la direction future du parti républicain. L’élection concrétisera soit le durcissement du ton du parti, soit le besoin d’un renouveau pour le parti et d’un retour vers un ton prompt au compromis, comparable à celui que Marco Rubio avait adopté durant les primaires républicaines.

M. Gagnon s’est également prononcé sur la candidature de Hillary Clinton, ex-secrétaire d’État des États-Unis. Malgré le caractère historique de sa candidature en tant que première femme candidate d’un des deux grands partis du pays à la présidentielle, l’inconfort d’une partie de l’électorat avec sa candidature a été mis en évidence lors des primaires démocrates, mais aussi avec le scandale entourant son utilisation d’un serveur privé pour la réception de ses courriels à titre de secrétaire d’État. Les primaires démocrates ont révélées une polarisation des intentions de vote au sein des membres du parti démocrate. Faisant face à Bernie Sanders, sénateur du Vermont candidat au primaire démocrate autoproclamé « socialiste », Mme. Clinton s’est trouvée a adapté son discours pour calmer les craintes et incertitudes des partisans de M. Sanders. Ainsi, malgré que M. Sanders n’ait pas remporté son pari, il laissera une empreinte indélébile sur cette campagne présidentielle, en forçant l’adoption par Mme. Clinton de positions politiques plus proche à la sienne sur plusieurs enjeux (ex : sur la question du salaire minimum)[3]. Les résultats obtenus par M. Sanders légitiment les doléances avancées par les membres plus jeunes, en général des universitaires ou récemment diplômés, du parti démocrate. Il est permis de croire que ce mouvement plus « à gauche » du parti démocrate se concrétisera et influera le parti dans les années à venir.

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Photo via Gage Skidmore (Flickr)

De plus, Mme. Clinton doit combattre la perception qu’elle cherche à contrôler la fuite  d’information qu’elle juge sensible ou néfaste à l’atteinte de ses objectifs. À plusieurs reprises, il a été démontré sur divers plateformes médiatiques que Mme. Clinton n’aurait pas été totalement transparente quant à ses activités et ses dires. Plus récemment, le scandale lié à l’utilisation d’un serveur privé pour sa messagerie en tant que secrétaire d’État ainsi que la non divulgation qu’elle souffrait d’une pneumonie durant la campagne renforce cette perception de mutisme chez Mme. Clinton lors de moments critiques. Malgré que le Federal Bureau of Investigation (FBI) l’ait ultimement innocenté d’avoir commis un acte criminel, la perception perdure et M. Trump capitalise sur ce fait en martelant le message que Mme. Clinton n’est pas fiable.

À la sortie du 1er débat à la candidature présidentielle tenu lundi, le 26 septembre dernier, Mme. Clinton a été jugée gagnante du débat et a gagné du terrain dans les sondages sur M. Trump. Quant à lui, M. Trump demeure fidèle à ses habitudes et continuent à tenir des propos controversés qui lui attirent l’ire des gens ciblés par ses dires. Le 2e débat présidentiel se tiendra dimanche prochain. Plusieurs médias annoncent déjà la chute de M. Trump. Cependant, il reste plus de 5 semaines à la campagne et plusieurs questions demeurent. De nombreux citoyens annoncent qu’ils renoncent à leur droit de vote, en signe de protestation et de désaccord avec les candidats des deux grands partis, ainsi que l’absence d’alternatives viables.  Il y a également une proportion considérable de la population qui est indécise quant à leur choix. Pour répéter une phrase maintenant clichée, c’est au sein de cette catégorie de l’électorat que se jouera la prochaine élection présidentielle.  Malgré que M. Trump fait face à une tâche titanesque pour regagner le terrain perdu et briguer la présidence du pays, il n’en demeure pas moins que la course demeure serrée. Actuellement, environ 175 votes du collège électoral sont non répartis par les experts statistiques à l’un ou l’autre des candidats. M. Trump tirerait de l’arrière sur Mme. Clinton de seulement 37 votes du collège électoral. Le chiffre magique à atteindre est 270.[3] Le 11 novembre prochain sera un rendez-vous à ne pas manquer, au tant pour les mordus de politique américaine que pour les mordus de suspenses.

Texte par Jonathan Lundy, collaborateur de Connexion Internationale de Montréal.

[1] http://2016.republican-candidates.org/

[2] http://www.2016election.com/list-of-declared-republican-presidential-candidates/

[3] http://www.270towin.com/

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